Avec l’homme des cavernes c'est la naissance des sens...
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Les ethnologues que j’ai rencontrés
prétendent que ce fut la première grande évolution humaine depuis son apparition sur
la terre. L’aube des âges, l’a encouragé à
poursuivre la recherche de sa nourriture. L’humanité lui a tracé les chemins de la de la connaissance du monde.La faim a été le moteur de sa marche en
avant. Elle reste d’ailleurs la source de ses énergies, bonnes ou mauvaises, le motif de ses progrès,
l’origine de ses conflits, l’alibi de sa conscience et la monnaie de sa peine…
Autour de l’aliment vont se construire des
civilisations, vont se perpétrer des crimes, des guerres, affronter des empires, élaborer des lois, échanger
des savoirs.
Tout le reste n’est et ne sera que littérature…
Cueillette, chasse, sel, céréales, élevage, vin, épices, sucre, pommes de terre ou protéines…
Ils sont autant d’ordre de route qui ont bouleversé
le monde d’étapes en étapes….
Et tout ceci, car un jour un petit être
sauvage, bipède se mit debout et utilisa ses membres supérieurs pour mieux se nourrir.
Cette créature depuis, va se
distinguer dorénavant des autres animaux, en les laissant continuer de fouiller
leur provende du bout de leur museau.
Elle se risqua même à par la suite, profiter du
grand jour pour mieux récolter sa nourriture, alors que jusque-là elle avait préféré l’abri et la protection
de la nuit.
La grande évolution de cette créature, ne
fut pas d’avoir le réflexe soudain de prendre entre ses doigts l’aliment à atteindre et de l’avaler la
bouche ouverte mais le raffinement intentionnel d’un geste calculé issu d’une manipulation coordonnée par la
pensée en réponse à un besoin : la faim ou le besoin de se nourrir par la suite. Désormais capable, de régler son
geste au rythme de son appétit, il prit conscience de cet enchaînement de : L’incitation de la faim,
excitation de la récolte, ou la satisfaction d’un manque, comme le serait la découverte sensorielle du plaisir. Tout ceci fut le premier
enrichissement de la mémoire ainsi que sa première prise de conscience.
Se nourrir, un plaisir viscéral devient un choix, une
démarche intellectuelle lorsque les yeux jusque-là latéraux vont se
déplacer vers la base du front.
La créature due, par la faute de cette
évolution se modifier physiquement pour ressembler à la tête d’un homme telle qu’on la conçoit aujourd’hui.
Celle-ci, au cours des derniers millions
d’années, s’élargissait à mesure de l’importance accrue de son crâne.
Le cerveau s’améliorant en prenant du
volume, pouvait parfaitement diriger le regard dans une aire visuelle
agrandie, panoramique et désormais perçue
en relief comme en profondeur.
La créature entre physiquement dans un
autre cercle vital, prend une autre dimension, et se redresse psychiquement.
Cette nouvelle possibilité de la vue, liée
à la facilité de préhension par la définitive spécialisation des mains
autant dans leur forme que dans la manière
de s’articuler autour de la mobilité des doigts et des phalanges.
Cette seconde évolution de son physique,
lui permit une exploration des choses plus poussée, une sécurité
accrue donc une meilleure recherche et
maîtrise de sa nourriture.
La mémoire en avait enregistré tout un
choix potentiel, mais certaines s’étaient révélées meilleures sous la
langue, procurant plus de bonheur.
Désormais on appréciait ce bonheur
nouveau. La créature eut envie de s’en souvenir, puis de le répéter.
Cette sensation inoubliable, stimulait la
curiosité et le courage, il justifiait de nouvelles expériences et, en fin
de compte, développait l’intelligence sans
cesse alimentée, elle aussi par de nombreuses informations.
Le bonheur de la faim agréablement
assouvie, procura une telle jouissance à notre bipède qu’il ne put, au bout
de plusieurs autres millions d’années ou
de générations de s’empêcher de l’exprimer par un cri.
Pas n’importe quel cri, un cri spécial,
pas un grognement non plus, mais un son articulé, un claquement de
lèvres et de la langue satisfaites. Elle y
mêla un soupir qui signifiera à la fois, manger et boire, le sein de la
mère, mère, je veux survivre, la vie,
c’est bon le phonème Memmi, Mamm, Mumm furent son premier discours,
sa ou ses premières paroles.
Même nos bébés s’en souviennent…
Bien entendu, il faut décoder le message
tant il a été établi, modifié, d’écho en écho dans le dédale des siècles.
Ce phénomène MEM, MA devenu le radical BO
avec ses variations de prononciations OUO ou WO,PHO,PO,
BA,PA,BI etc…implique non seulement
l’action d’avaler, boire et manger dont il imite le bruit par un claquement
des lèvres, mais aussi son potentiel, la
nourriture, la plante et leur corollaire : La vie.
Ainsi, on peut s’apercevoir que la plus
ancienne signification du vocable botanique est les plantes qu’ils faut
avaler pour vivre dans le fonds commun des
langues Indo-européennes, dont sont issues les langues sanscrite,
indienne grecque, germanique, celte,
russe, slave, balte, Romane, iranienne et leurs dérivées.
Or en étudiant de près les traces d’usure
laissées par les particules abrasives des nourritures sur l’émail dentaire
de nos ancêtres du quaternaires, le
paléontologue peut définir leurs modes d’alimentation.
De même que les incisives et les canines
paraissent de très petite taille par rapport aux molaires et prémolaires
qui sont énormes.
C’est le signe d’une adaptation à une
mastication importante de végétaux qu’il faut bien avaler bien écrasés,
les traces d’usure des dents portent
également la trace de fibres végétales.
Mais la mémoire de l’homme, que l’on
devrait interroger plus souvent, cette mémoire atavique et collective, peut
témoigner elle aussi, et en le disant clairement par la parole, que les plantes
furent en effet la nourriture première, l’élément de base de l’humanité
souvenir peut être des frondaisons de l’arbre originel.
C’est pour dire (sagen) cela que fut
inventé le parler(sprechen)selon la définition d’Heidegger.
La saga des aliments était commencée, sur
le ton de la gourmandise.
A suivre les premières découvertes et la
maîtrise de la mémoire, comment l’homme est devenu gourmand.
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